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Original title:  Jennie Kannayuk à Bernard Harbour, Territoires du Nord-Ouest (Nunavut) = Jennie Kannayuk at Bernard Harbour, Northwest Territories (Nunavut). Image courtesy of the Canadian Museum of History/Musée canadien de l'histoire, 51230.

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QANAJUQ (Kanneyuk, Kanajuq), dite Jennie et Jennie Kannayuk, chasseuse du groupe des Inuits du Cuivre, couturière et chanteuse, née vers 1903 sur l’île Victoria, Territoires du Nord-Ouest, ou tout près, fille de Nerialaq et de Taqtu (Taqtuk ; elle prit le nom de Higilaq en 1915) ; elle épousa Qiqpuk (Qigpuk, Samuel Kekpuk), et ils eurent deux fils et deux filles, dont seul un fils atteignit l’âge adulte ; décédée en mars 1931 à Coppermine (Kugluktuk, Nunavut) et inhumée au cimetière anglican du même endroit.

Qanajuq, dont le nom signifie « scorpion de mer » en inuktitut, était membre des Puivliks, groupe nomade d’Inuits du Cuivre vivant au centre de l’Arctique. Quand elle était jeune, son père, Nerialaq, disparut au cours d’une chasse. Sa mère, Higilaq, était angakkuq (chef spirituel) et son beau-père, Ikpukkuaq (Ikpukhuak), un chasseur renommé et respecté. Selon un récit raconté par son amie d’enfance Annanak, Qanajuq tomba malade un jour, au moment où la chasse estivale au caribou allait commencer. Elle dissimula son indisposition pour que le groupe puisse partir pratiquer cette activité essentielle à la survie de la famille. Elle se rétablit ensuite suffisamment pour prendre part à la chasse.

D’avril à novembre 1915, Diamond Jenness*, l’anthropologue de l’expédition canadienne dans l’Arctique (1913–1918) dirigée par l’explorateur Vilhjalmur Stefansson*, accompagna Qanajuq et sa famille dans leurs traditionnels déplacements saisonniers à l’île Victoria. Adopté par Ikpukkuaq et Higilaq, Jenness se prit d’une grande affection pour sa petite sœur Qanajuq. Dans son livre publié en 1928, The people of the twilight, il présente la meilleure description qui subsiste de cette jeune fille brillante et joyeuse : « Scorpion de mer, ou Jennie, comme mes collègues l’ont baptisée [surnom dérivé du nom de Jenness], devint l’une des préférées de tous grâce à son franc sourire et son rire joyeux. Plus intelligente que la plupart des membres de sa communauté, elle savait quoi faire pour ne pas nous déranger et restait tranquille dans un coin pendant maintes heures à repriser nos vêtements ou à regarder les illustrations de nos livres. » Qanajuq apporta une aide précieuse à Jenness dans ses tentatives d’enregistrer les chansons des Inuits du Cuivre de passage au quartier général de l’expédition. Tandis que certains éprouvaient de l’appréhension quand on leur demandait de chanter dans le pavillon du phonographe, Qanajuq enregistra volontiers de nombreuses chansons. Jenness voyagea de nouveau avec la famille de celle-ci en 1916. Dans The people of the twilight, il évoque sa charmante compagnie pendant ce périple : « Elle riait quand les chiens pourchassaient un bécasseau, elle riait quand elle trébuchait. Son rire était contagieux, et aucun groupe plus joyeux ne parcourut ces prairies nordiques. Âgée de 12 ans seulement, ou 13 tout au plus, elle laissait libre cours à tout l’amour du jeu et du divertissement qu’affichent les enfants ; pourtant, elle connaissait déjà certaines des responsabilités [des adultes] de son sexe. »

Quelque temps après la fin de l’expédition en 1918, Qanajuq épousa Qiqpuk. En 1923, le couple avait un fils, et eut ensuite deux filles. À la fin des années 1920, les trois enfants succombèrent à une épidémie, peut-être de grippe, qui emporta également Higilaq. Le quatrième enfant de Qanajuq, un fils nommé Ahegona, naquit sur l’île Victoria en 1929. L’année suivante, vivant à la pointe Rymer, Qanajuq et sa famille reçurent la visite de Russell D. Martin, médecin envoyé au centre de l’Arctique par le gouvernement fédéral de William Lyon Mackenzie King*. Martin diagnostiqua chez Qanajuq une tuberculose vertébrale, condition atrocement douloureuse qui la paralysait déjà partiellement. Le médecin la convainquit de s’installer à Coppermine, où il avait construit un hôpital de fortune d’une pièce et pourrait lui prodiguer de meilleurs soins. (Plusieurs tentes à proximité du bâtiment hébergeaient des patients atteints de tuberculose, qui affligea le hameau peu après l’arrivée d’un moribond contagieux, Uloqsaq*, par le même avion qui avait amené le docteur Martin dans l’Arctique.)

En 1930, Jenness, alors au service du Musée national du Canada à Ottawa, reçut un message radio de Jennie et Ikpukkuaq qui l’exhortaient à revenir les voir dans l’Arctique. Dans son message, Jennie disait : « Si vous venez, je vous ferai un artigi [manteau]. Quand venez-vous ? Il se peut que je meure avant que vous veniez. Je ne sais pas. Quand vous viendrez, apportez-moi du joli calicot. Je vais un peu mieux maintenant. Pendant l’été, c’était autre chose. – Kanneyuk. » Jenness répondit : « Je n’oublierai jamais mon père et ma jeune sœur. J’aimerais aller vous voir, mais c’est impossible. C’est trop loin. Je me fais vieux. N’ayez pas peur. Quand nous mourrons, nous nous reverrons. Nous serons heureux tous ensemble. »

Voulant à tout prix rencontrer ses supérieurs afin d’organiser une meilleure aide médicale pour les habitants de Coppermine, le docteur Martin prit un avion pour Ottawa en mars 1931, laissant Qanajuq aux soins de Richard Sterling Finnie, photographe et cinéaste. Finnie ne pouvait rien faire pour elle, et elle mourut, entourée de son mari et de son beau-père. Son fils de deux ans, Ahegona, regarda les gens recouvrir le corps de sa mère d’une toile, qu’ils fermèrent par une couture. On inhuma Qanajuq dans une fosse peu profonde et gelée, au cours d’une cérémonie anglicane. Suivant ses dernières volontés, Qiqpuk plaça délicatement une boîte de bois au-dessus de sa tête : pendant ses derniers jours, Qanajuq respirait si difficilement qu’elle voulait s’assurer d’avoir un peu d’air à respirer dans sa tombe.

Qanajuq mourut sans avoir profité de toutes les connaissances médicales modernes. Le gouvernement fédéral, dirigé jusqu’au mois d’août 1930 par King, puis par Richard Bedford Bennett*, ne répondit pas aux demandes pressantes du docteur Martin de fournir de meilleurs équipements et installations. Fait particulièrement déconcertant, on ne put même pas procurer à Qanajuq une lampe solaire, traitement considéré à l’époque comme efficace pour les tuberculeux. Deux ans plus tard, le mari et le beau-père de Qanajuq moururent à quelques mois d’intervalle. À la mort de sa mère, Ahegona était un enfant petit, maladif et incapable d’absorber des aliments solides, mais on le sauva en le nourrissant de lait de chienne. Plus tard, il alla à l’école à Aklavik, où l’on remplaça son nom anglais, Bill, par Aimé (Aime), plus simple pour les prêtres catholiques francophones qui y enseignaient. Aimé retourna à Coppermine en 1938. Le docteur Martin, quant à lui, n’y retourna jamais : en 1931, après sa visite à Ottawa pour solliciter une aide plus importante, le gouvernement fédéral avait mis fin au financement de son poste. Coppermine ne bénéficia d’aucune nouvelle installation médicale jusqu’à l’ouverture d’un dispensaire en 1947.

Des entretiens auprès d’aînés, menés en 1992 pour le documentaire de l’Office national du film du Canada intitulé Coppermine, montrent que Qanajuq reste un personnage marquant de l’histoire de Kugluktuk (nom du hameau à partir de 1996). Le film relate la tragédie de l’épidémie de tuberculose chez les Inuits du Cuivre et, en particulier, les récits de la vie et de la mort de Qanajuq ainsi que des défaillances du gouvernement fédéral. Aujourd’hui, 13 enregistrements de ses chants, chansons à danser et incantations pour influencer la température font partie de la collection permanente du Musée canadien de l’histoire à Gatineau, au Québec, tout comme son rire joyeux, enregistré entre les chansons.

David R. Gray

Entre le 24 et le 26 septembre 2002, nous avons réalisé des entrevues avec Ahegona à Kugluktuk, au Nunavut. Des photographies de Qanajuq, conservées sous les noms de Jennie Kannayuk ou Jennie Kanaiyuk, se trouvent au Musée canadien de l’histoire (Gatineau, Québec), coll. Expédition arctique canadienne, 1913–1918, nos 36916, 36919, 38685, 38993, 38997, 42347, 51230, 51231, 51246, 51247, 51248, 51249, 51250 et 51251.

Arctic odyssey : the diary of Diamond Jenness, ethnologist with the Canadian Arctic Expedition, 1913–1916, S. E. Jenness, édit. (Hull [Gatineau], 1991).— Doreen Bethune-Johnson et al., Our Arctic way of life : the Copper Inuit (Toronto, 1986).— Coppermine, réalisation de Ray Harper (film, Ottawa, 1992 ; accessible à www.nfb.ca/film/coppermine).— R. [S.] Finnie, Lure of the north (Philadelphie, 1940).— Diamond Jenness, The people of the twilight (New York, 1928 ; Chicago, 1959).— Diamond Jenness et S. E. Jenness, Through darkening spectacles : memoirs of Diamond Jenness (Gatineau, 2008).— Report of the Canadian Arctic Expedition, 1913–18 (16 vol., Ottawa, 1919–1928), 14 (H. H. Roberts et D[iamond] Jenness, Eskimo songs : songs of the Copper Eskimos, 1925).— W. J. Vanast, « The death of Jennie Kanajuq : tuberculosis, religious competition and cultural conflict in Coppermine, 1929–31 », Études inuit (Québec), 15 (1991), no 1 : 75–104.

General Bibliography

Cite This Article

David R. Gray, “QANAJUQ (Kanneyuk, Kanajuq), dite Jennie et Jennie Kannayuk,” in Dictionary of Canadian Biography, vol. 16, University of Toronto/Université Laval, 2003–, accessed 18 avril 2024, http://www.biographi.ca/en/bio/qanajuq_16E.html.

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Author of Article:   David R. Gray
Title of Article:   QANAJUQ (Kanneyuk, Kanajuq), dite Jennie et Jennie Kannayuk
Publication Name:   Dictionary of Canadian Biography, vol. 16
Publisher:   University of Toronto/Université Laval
Year of publication:   2021
Year of revision:   2021
Access Date:   18 avril 2024