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Original title:  Click To Enlarge; Almighty Voice.<br/><em>Saskatchewan Archives Board</em><br/>

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KITCHI-MANITO-WAYA (Kakee-manitou-waya, Kamantowiwew, Almighty Voice, connu aussi sous le nom de Jean Baptiste), chasseur indien et fugitif, né vers 1875, probablement près du lac aux Canards (lac Duck, Saskatchewan), fils de Sinnookeesick (Sounding Sky), de la tribu des Sauteux des Plaines, et de Natchookoneck (Spotted Calf, Calf of Many Colours), elle-même fille d’Une Flèche [Kãpeyakwãskonam*], chef des Cris des Saules ; il eut quatre femmes et un enfant ; décédé le 30 mai 1897 dans les collines Minichinas, près de Batoche (Saskatchewan).

Almighty Voice grandit dans la réserve indienne One Arrow (Saskatchewan), où il entendit raconter les exploits de son grand-père Une Flèche, qui avait résisté à l’installation dans la réserve jusqu’en 1879, de son père, qui avait participé à la rébellion du Nord-Ouest en 1885 [V. Pītikwahanapiwīyin*], et d’autres anciens de la bande. Ces récits de batailles, de raids et de chasses contrastaient vivement avec l’existence que les Cris des Plaines menaient vers 1895. En effet, leur territoire était alors régi par les Blancs, envahi par des tribus ennemies et grugé par les sang-mêlé. Humiliés, confinés dans leurs réserves, ils devaient porter un sauf-conduit pour se déplacer et obéir à des restrictions de chasse. Dans leur jeunesse, le grand-père et le père d’Almighty Voice avaient traqué de grands troupeaux de bison pour se procurer de la viande ; à présent, les Cris, réduits à la mendicité, devaient attendre que les fonctionnaires fédéraux viennent leur distribuer des bœufs du gouvernement.

D’innombrables victoires dans des compétitions de course tenues à Prince Albert (Saskatchewan) et une réputation bien méritée de tireur et de chasseur hors pair ne parvinrent pas à apaiser l’appétit de gloire d’Almighty Voice ni à le convaincre d’adopter le mode de vie des Blancs. Le 22 octobre 1895, un sergent de la Police à cheval du Nord-Ouest, Colin C. Colebrook, l’arrêta pour avoir tué un bœuf du gouvernement et l’escorta jusqu’à la prison de l’établissement du lac aux Canards. Peut-être parce que l’un de ses gardes lança, à la blague, que le châtiment d’un tel crime était la pendaison (la fin la plus ignoble aux yeux d’un Indien), Almighty Voice décida de réagir ; il s’évada la nuit même. Il se glissa par la fenêtre du poste de garde, parcourut à la course les 6 milles qui le séparaient de la rivière Saskatchewan-du-Sud, nagea dans les eaux glacées et courut encore 14 milles pour se réfugier temporairement dans la cabane de sa mère, dans la réserve. La police le chercha d’abord en vain, et ce n’est que quelques jours plus tard, une fois qu’il eut quitté la réserve, que Colebrook et un traqueur métis retrouvèrent sa trace. Le 29 octobre, ils l’aperçurent près de Kinistino (Saskatchewan). Quand Colebrook s’approcha pour l’arrêter, Almighty Voice le prévint qu’il allait tirer. Comme le sergent s’approchait toujours, Almighty Voice leva son arme à double canon et l’atteignit en plein cœur. Tout de suite après, les policiers intensifièrent leur chasse à l’homme mais, malgré tous leurs efforts, Almighty Voice demeura au large durant 19 mois.

Vers 1895, la Police à cheval du Nord-Ouest et les colons blancs des Territoires du Nord-Ouest avaient toutes les raisons de craindre un soulèvement semblable à celui de 1885. Depuis quelques années déjà, les Indiens se montraient réfractaires et, à plusieurs reprises, ils avaient défié l’autorité de la police. Après le meurtre du sergent Colebrook, d’autres Indiens tirèrent sur des policiers : ainsi le Pied-Noir Charcoal [Si’k-okskitsis] tua un sergent de la Police à cheval du Nord-Ouest pour éviter d’être capturé. En février 1896, le Prince Albert Advocate, dans un commentaire sur l’affaire Almighty Voice, disait que les Indiens étaient impudents. « Ils clament maintenant qu’un Indien peut tirer sur un Blanc sans que le gouvernement fasse quoi que ce soit pour le traîner en justice. Ils n’attendent que l’arrivée du printemps et la fonte des neiges pour se venger de prétendus méfaits. » En mai 1897, le commissaire Lawrence William Herchmer*, à la tête de la Police à cheval du Nord-Ouest, demandait des renforts au département des Affaires indiennes et disait s’inquiéter que « l’affaire Almighty Voice ne dégénère en un soulèvement général ».

Ces mois furent sûrement très enivrants pour Almighty Voice. Il était désormais un véritable Indien, un guerrier qui perpétuait la tradition de ses ancêtres ; parmi son peuple, certains le considéraient comme un héros. Tout de suite après le meurtre de Colebrook, la police mit Sinnookeesick sous les verrous afin de l’empêcher d’aider son fils. Le 20 avril 1896, le secrétaire d’État sir Charles Tupper* offrit une récompense de 500 $ à quiconque fournirait des renseignements qui permettraient d’appréhender et de condamner Almighty Voice. La proclamation le décrivait comme un jeune homme d’environ 22 ans, mesurant 5 pieds 10 pouces, au teint clair ; « délicat et bien droit », il avait les « mains et les pieds petits et bien conformés, [...] une chevelure sombre et ondulée descendant jusqu’aux épaules, de grands yeux sombres, le front large, les traits anguleux et un nez de perroquet au bout plat, une cicatrice sur la joue gauche allant de la bouche vers l’oreille, une allure féminine ». Pourtant, grâce à l’aide de son peuple et à l’abri que lui offraient le relief accidenté et les bois de la région, le fugitif continuait d’échapper à ses poursuivants. Des messages télégraphiques et des articles de journaux signalaient sa présence au même moment à des centaines de milles de distance. Le 19 juin 1896, l’Edmonton Herald reproduisit le reportage d’un journal américain qui annonçait, par erreur, qu’on l’avait capturé à plusieurs centaines de milles au sud-ouest de la réserve One Arrow, c’est-à-dire à Kalispell, au Montana.

Almighty Voice avait prétendu que le bœuf qu’il avait tué appartenait à son père, et non au gouvernement. En janvier 1896, cette affirmation reçut une certaine justification officielle. L’inspecteur John B. Allan, l’un des officiers de police qui le recherchaient, déclara : « on pense de plus en plus, parmi les Métis et d’autres, qu’« Almighty Voice » a d’abord été arrêté sur la foi du témoignage d’un enfant [...] et qu’il n’avait alors commis aucun crime ». Herchmer commenta que l’accusation initiale ne semblait s’appuyer sur aucune preuve et qu’il aurait fallu relâcher le prisonnier dès le lendemain de son arrestation s’il ne s’était pas enfui. Cependant, à cause de la tournure des événements, Almighty Voice n’était plus la victime d’une erreur, mais un « méchant Indien » qu’il fallait traquer.

Après un an et demi de rumeurs et de fausses pistes, la Police à cheval du Nord-Ouest obtint un rapport véridique : le 27 mai 1897, près de l’établissement du lac aux Canards, Almighty Voice et deux compagnons avaient blessé par balle un éclaireur métis de la région. Le lendemain, l’inspecteur Allan partit de l’endroit avec une patrouille de 12 hommes et trouva les trois Indiens dans les collines Minichinas, à quelques milles au sud-est de la réserve One Arrow. Ils avaient creusé un fossé profond dans la partie la plus touffue d’un bosquet de peupliers ; embusqués là, ils blessèrent gravement Allan et un sergent en tirant sur les policiers. La police fit appel à des civils des alentours pour servir de constables spéciaux ; plus tard dans la journée, un petit groupe tenta en vain de prendre d’assaut les Indiens. Le maître de poste de l’établissement du lac aux Canards et un constable furent tués, et un caporal mortellement blessé. Des renforts, parmi lesquels se trouvaient des volontaires civils de Prince Albert, arrivèrent peu après en transportant une pièce de campagne de sept livres, en laiton, et encerclèrent la position d’Almighty Voice.

Le lendemain, le commissaire adjoint John Henry McIllree fut dépêché de Regina sur les lieux avec l’inspecteur Archibald Cameron Macdonell, 24 hommes, une pièce de campagne de neuf livres et une équipe d’artilleurs. Ils arrivèrent le soir même ; dans la nuit, il n’y eut que des échanges de coups de feu sporadiques et quelques salves tirées à l’aide de la pièce de sept livres. Le lendemain matin, pendant que la mère d’Almighty Voice, assise sur une colline voisine, exécutait le chant guerrier de son fils et que des centaines de résidents de la région observaient la scène, la Police à cheval bombarda le bosquet. Puis, n’entendant plus les trois Indiens, les policiers se précipitèrent parmi les arbres, où ils trouvèrent les corps d’Almighty Voice, de son beau-frère Topean et de son cousin Little Saulteaux.

L’affaire Almighty Voice avait vivement inquiété le gouvernement du Canada et la Police à cheval du Nord-Ouest. En commentant le meurtre du sergent Colebrook dans son rapport annuel de 1895, le commissaire Herchmer nota que, « même si la plupart des Indiens [étaient] bien disposés envers la population blanche, l’agitation ou l’esprit de contradiction naturel de quelques jeunes Indiens [pouvaient] susciter des troubles graves à tout moment ». Outre ce que Herchmer appelait « l’esprit de contradiction naturel », la situation économique qui régnait alors dans les réserves était certainement à l’origine d’une partie des actes de rébellion. La chasse et la pêche étaient mauvaises. Les Indiens faisaient valoir que les rations quotidiennes fournies par le gouvernement conformément au traité étaient insuffisantes et qu’il était difficile de gagner de l’argent en travaillant pour les Blancs ou en leur vendant du bois. À cause de la rigueur de l’hiver de 1896–1897, beaucoup de bestiaux, et surtout des bœufs utilisés pour transporter des marchandises ou tirer du bois, étaient morts. Comme John Cotton, surintendant à Battleford (Saskatchewan), le disait dans son rapport de 1897, « un Indien affamé, tout comme un Blanc affamé, n’est pas aussi docile ou satisfait qu’il ne l’est dans des circonstances plus favorables ». Peut-être est-ce l’Evening Telegram qui résuma le mieux la tragédie d’Almighty Voice et des Indiens des Territoires du Nord-Ouest dans les années 1890 : « Almighty Voice était le champion d’une race que la civilisation met au pied du mur. Ce qui est extraordinaire, ce n’est pas que de temps à autre un brave secoue le joug, mais que tous les braves ne préfèrent pas la mort soudaine à la lente extinction de leur peuple. »

Stanley D. Hanson

AN, MG 29, E69 ; RG 10, B3, 8618 ; RG 18, A1, 137–138 ; B1, 1347 ; 1398 ; B5, 2480.— Univ. of Saskatchewan Library (Saskatoon), Morton ms Coll., mss C550/1/27.1 ; C550/l/31.4.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1896, n15, app. 11 ; 1898, nos 4, 15.— Prince Albert Advocate (Prince Albert, Saskatchewan), 15 févr. 1896.— Saskatchewan Herald, 4, 25 juin 1897.— H. A. Dempsey, Charcoal’s world (Saskatoon, 1978).— John Hawkes, The story of Saskatchewan and its people (3 vol., Chicago, 1924), 1.— John Prebble, My great-aunt Appearing Day, and other stories (Londres, 1958).— Nan [Nancy Sommerville] Shipley, Almighty Voice and the red coats ([Toronto], 1967).— W. B. Cameron, « Almighty Voice, outlaw », Scarlet and Gold (Vancouver), 2 (1970) : 46–49.— Al Cooper, « The brave they fought with cannons », Maclean’s (Toronto), 64 (1951), n13 : 16–17, 34, 36.—  H. S. M. Kemp, « Almighty Voice, public enemy n1 », RCMP Quarterly (Ottawa), 23 (1957), n1 : 4–10.

General Bibliography

Cite This Article

S. D. Hanson, “KITCHI-MANITO-WAYA,” in Dictionary of Canadian Biography, vol. 12, University of Toronto/Université Laval, 2003–, accessed 29 mars 2024, http://www.biographi.ca/en/bio/kitchi_manito_waya_12E.html.

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Author of Article:   S. D. Hanson
Title of Article:   KITCHI-MANITO-WAYA
Publication Name:   Dictionary of Canadian Biography, vol. 12
Publisher:   University of Toronto/Université Laval
Year of publication:   1990
Year of revision:   1990
Access Date:   29 mars 2024